Quand la solidarité se traduit en don de jours de congés

Valerie Krumhorn travaille au Crédit Agricole Alsace Vosges depuis 2002. Pour s’occuper de sa fille handicapée après un AVC, elle bénéficie de jours de congés payés supplémentaires offerts par ses collègues.

A bientôt 12 ans, Mélissa est malvoyante.  Ce handicap sensoriel est diagnostiqué chez la fillette alors qu’elle n’a que quatre mois. A l’époque, Valérie Krumhorn, sa maman, travaille comme conseiller bancaire auprès des clients professionnels au Crédit Agricole Alsace Vosges. Contrainte de réduire son temps de travail et de poser des congés sans solde, elle bénéficie alors d’une Allocation journalière de présence parentale versée par la MSA (Etat) qui compense faiblement la perte de revenus. Plus tard, elle intègrera le service middle office au service des conseillers professionnels, un poste qui lui permet de mieux gérer une vie personnelle contrainte par le handicap de sa fille.

Un dispositif mis en place en 2015

En 2019, un autre malheur vient toucher la famille Krumhorn, la fillette fait un AVC. Elle en garde aujourd’hui des séquelles dont une paralysie du côté droit, des difficultés résiduelles de déglutition et de langage. Dès lors, il faut mettre en place des soins dédiés de rééducation : kinésithérapie, orthophonie, ergothérapie… Et traiter aussi le mental. Car un tel accident engendre inévitablement des bouleversements psychologiques. Bref, la présence de la mère auprès de son enfant devient indispensable. « Quand une telle chose arrive, c’est tout votre monde qui s’écroule, confie Valérie Krumhorn. Aujourd’hui, des recherches sont en cours afin d’établir une probabilité selon laquelle un lien pourrait être fait entre les problèmes visuels de Mélissa et son AVC. « Les problèmes visuels de ma fille sont peut-être dus à un AVC intra utérin », explique-t-elle. Dans ce tourbillon malheureux, elle raconte la manière dont ses collègues et l’encadrement de son entreprise l’ont accompagnée et soutenue concrètement grâce au dispositif mis en place en 2015 du don des jours de congés.

Aidante mais pas que ça

Chaque année, des salariés peuvent faire don d’un ou plusieurs jours (10 maximum) de manière anonyme qui sont abondés par l’entreprise. Cette « réserve » permet à des collaborateurs touchés par la maladie d’un proche – enfant, parent, conjoint – de bénéficier de jours et, par conséquent, de ne pas subir de perte de salaire. « Quand l’accident est arrivé, j’ai d’abord puisé dans mes congés et vidé mon plan épargne temps pour faire face à la situation. Puis, une collaboratrice de la Caisse – son ancienne responsable aujourd’hui partie à la retraite – m’a contactée pour me faire part d’un dispositif dont je pouvais bénéficier : le don de jours de congés. Le service RH et Véronique Noé, responsable Heca à la Caisse régionale, ont pris les choses en main pour me permettre d’en bénéficier rapidement. Cela a été une véritable bouffée d’air, une lumière dans les ténèbres », confie-t-elle. Valérie a utilisé les 80 jours auxquels elle pouvait prétendre pour assurer le suivi médical de la fillette. « Aujourd’hui, le service RH m’affecte des jours en fonction des besoins que je formule, c’est une question de confiance. Ce dispositif, impulsée grâce à la solidarité de tous, est une vraie avancée sociale. Je suis infiniment reconnaissante. Il permet de soulager la charge mentale, de se sentir mieux moralement, de faire face financièrement tout en continuant à travailler, chose très importante car ce n’est pas facile d’être toujours confrontée au handicap. Je suis aidante certes, mais je ne suis pas que ça… ».