La finance, carburant du bien-être social et de la préservation de l’environnement ? A côté du traditionnel livret de développement durable et autres produits bancaires, les opérateurs financiers proposent de plus en plus de produits d’épargne responsable à des Français friands de placements qui ont du sens.
« C’est quand même sympa de se dire qu’on s’est fait cuire une omelette avec de l’électricité verte », sourit Gilles. Le quinquagénaire habite Saint-Georges-sur-Arnon (Indre), où les cinq éoliennes du parc des Tilleuls, totalisant une puissance de 12,5 MW, produisent de l’électricité pour près de 9 500 habitants.
Un nombre croissant des projets de ce type se développent grâce à l’Investissement responsable (IR). Au-delà de l’enjeu environnemental, c’est aussi une certaine vision de la société qui fait son chemin, où l’éthique et un modèle sociétal plus vertueux figurent en bonne place. En témoigne l’explosion des émissions de green bonds, dont Cacib, filiale du Crédit Agricole, est leader mondial. « Ces emprunts obligataires émis sur les marchés financiers permettent de financer des projets contribuant à la transition écologique. L’épargnant est informé en toute transparence de l’usage qui est fait des fonds récoltés, notamment via les comptes rendus réguliers précisant les types de projets financés (énergies renouvelables, transports à faible émission…) et sur leur localisation (Europe, Asie, Amérique du nord…) », indique Alban de Faÿ, gérant Crédit IR chez Amundi, la société de gestion d’actifs du Crédit Agricole.
Un sondage récent sur l’épargne, mené dans toute l’Europe par l’institut Odoxa, indique que 44 % des Français sont prêts à donner du sens à leur épargne en la plaçant dans des projets qu’ils choisissent. Pilote de ce mouvement, Amundi a fait de l’IR, ancré dans les racines mutualistes du groupe, un de ses piliers de développement.
L’Investissement responsable intègre des critères financiers et extra financiers. Derrière l’acronyme IR, on trouve : les fonds à critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) qui permettent d’évaluer la prise en compte du développement durable et des enjeux de long terme dans la stratégie des entreprises (émissions de CO2, consommation d’électricité, recyclage des déchets, qualité du dialogue social, emploi des personnes handicapées ou encore transparence de la rémunération des dirigeants, lutte contre la corruption…) ; les fonds thématiques comme les green bonds évoqués plus haut qui permettent de financer des projets contribuant à la transition écologique ; les investissements à impact dans les entreprises non cotées ou associations telle que Habitat et Humanisme, via notamment le Fonds commun de placement (FCP) Finances et Solidarité géré par Amundi. Ce genre de placements, dont la rentabilité n’a rien à envier à celle des autres fonds, permet aux épargnants de mesurer concrètement l’impact de leur épargne dans les territoires.
Cette année, près de 35 000 euros ont été reversés par la fondation Crédit Agricole Solidarité et Développement à des projets portés par les réseaux associatifs Habitat et Humanisme et Banques Alimentaires. Ces dons, issus des FCP, ont permis de soutenir 2 projets favorisant l’insertion par le logement et 2 projets d’action d’aide alimentaire envers les plus fragiles.
La Tourangelle, une résidence senior à Tours. © IStock.
A Tours (Indre-et-Loire), la Caisse régionale de la Touraine et du Poitou et Amundi, à travers ce fonds dédié, ont financé une résidence senior fondée sur le principe du béguinage. « C’est une forme de communauté dont l’origine remonte au Moyen-Âge, explique Daniel Veillot, directeur de la filière immobilière au Crédit Agricole de la Touraine et du Poitou. Conçue pour des personnes âgées autonomes, la résidence La Tourangelle offre une alternative au maintien à domicile et à la maison de retraite. »
Gérée par la foncière France Béguinages, la résidence a été inaugurée le 3 octobre 2019 et affiche déjà complet. « La formule répond à un besoin important sur notre territoire, souligne Daniel Veillot. Nous sommes d’ailleurs en train de préparer deux autres implantations en Indre-et-Loire et dans la Vienne. C’est là toute la force du groupe Crédit Agricole : faire jouer la synergie entre une Caisse régionale, bien implantée localement, et l’expertise d’Amundi en matière d’investissement responsable. »
L’amandier fait son retour à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence. © Forest Finance.
En Provence, un autre projet a été soutenu via ce FCP Finances et Solidarité. Longtemps cultivé en Provence, l’amandier a peu à peu disparu au profit d’une amande produite à l’étranger selon un modèle peu durable. Cet arbre robuste, dont la floraison ne dure guère plus de quelques jours, est pourtant en train de faire son retour à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence pour répondre à la demande croissante en amande bio, made in France, traçable.
Au cœur du domaine du Grand Saint-Jean, la société Forest Finance France pilote le projet Amandera, qui vise à restaurer d’anciennes terres agricoles en replantant des milliers d’arbres pour produire une amande bio de qualité. « Nous créons et exploitons des systèmes forestiers durables avec un fort engagement sociétal pour les populations locales, explique Frédéric Lagacherie, président directeur général. Ainsi, au Pérou, nous participons à l’effort de reforestation en travaillant la culture du cacao selon un modèle agroforestier via le projet Forestera. »
Accessible via ce fonds solidaire, Amandera joue aussi la carte du local. « Nous sommes soutenus par le Crédit Agricole Alpes Provence. Proche du territoire, notre banque historique permet au projet d’avancer à bon rythme », conclut Frédéric Lagacherie.
125 projets en lien avec les énergies renouvelables ont été financés via Enerfip. © IStock.
Si investir responsable passe le plus souvent par des Sociétés d’investissement à capital variable (Sicav) ou FCP, il est également possible de placer son argent via des plateformes de financement participatif telle Enerfip. Spécialisée dans les énergies renouvelables, elle a — depuis sa création en 2014 — structuré 24 millions d’euros de placements pour 125 projets financés.
« Nous proposons, dans la très grande majorité des cas, des investissements sous forme de prêts obligataires sur des durées assez courtes, avec des taux qui peuvent atteindre 7 %, détaille Julien Hostache, son directeur. Notre plateforme tire profit du digital pour présenter les projets en détail et délivrer des rapports d’activité et de performance. Et nous allons beaucoup sur le terrain pour participer aux réunions publiques et promouvoir les projets auprès des populations locales, pour lesquelles investir dans les énergies renouvelables à côté de chez eux peut avoir du sens. »
Instance politique du Crédit Agricole, la Fédération nationale du Crédit Agricole est une association loi 1901. Ses adhérents sont les Caisses régionales, représentées par leurs présidents et leurs directeurs généraux.
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