La Fondation d’entreprise du Crédit Agricole Nord de France a financé, à hauteur de 20 000 €, la restauration de quatorze tableaux d’Henri Matisse, exposés au musée départemental éponyme au Cateau-Cambrésis. Un travail rendu possible grâce au savoir-faire de cinq restauratrices dont Vélia Dahan. Rencontre.
Pour ma part, j’ai su très tôt que je souhaitais devenir restauratrice d’œuvres d’art. Après un baccalauréat option art plastique, je me suis donc orientée vers une maîtrise d’Histoire de l’art puis j’ai poursuivi avec une formation spécialisée dans la conservation et la restauration des biens culturels à la Sorbonne. Diplômée en 2001, j’ai ensuite commencé à travailler sur de gros chantiers de restauration en région parisienne : galerie d’Apollon au musée du Louvre, galerie des Glaces au château de Versailles, musée du quai Branly, etc. C’est en 2012, en arrivant à Lille, que j’ai débuté ma collaboration avec les institutions culturelles du nord de la France comme le musée départemental Matisse.
Restaurer une œuvre d’art n’est pas une décision à prendre à la légère. Dans la mesure du possible, on essaye d’intervenir le moins possible sur les créations. Chaque acte est réfléchi, car même un simple dépoussiérage est une opération irrémédiable qui comporte certains risques comme la perte de peinture.
On intervient sur des œuvres, puisqu’ au fil du temps, on peut observer des altérations concernant la couche picturale (craquelures, soulèvements, pulvérulences, décoloration, etc.), le vernis (assombrissement dû à l’oxydation), ou encore les supports et encadrements. Concernant la campagne de restauration des tableaux de Matisse, tout a débuté en 2018 par une étude des peintures de la collection. Après une évaluation de l’état de conservation, moi et mon équipe de quatre autres restauratrices avons priorisé nos interventions et décidé d’intervenir sur 17 peintures.
Bien sûr ! Un des grands fondements de la restauration est le respect de l’œuvre originale. Mais également, la réversibilité des procédures. C’est-à-dire qu’on doit pouvoir revenir facilement sur un traitement. Cet objectif n’aura pas été atteint si, à long terme, les restaurations effectuées altèrent l’œuvre de manière irréversible
Il y a différentes façons de restaurer une œuvre. En fonction de l’évaluation de chacune d’entre elles. On va, par exemple, venir dépoussiérer la couche picturale, ainsi que le dos et le châssis du tableau grâce à un pinceau spécifique. On peut également avoir recours au nettoyage : décrassage de la surface afin d’éliminer la crasse entachant le vernis ou encore l’allégement d’une ou plusieurs couches de vernis jaunies. On peut aussi combler les fissures et les manques de matières par du mastic ou encore retoucher la couche picturale avec des peintures prévues pour la restauration.
La restauration des œuvres de Matisse a été rendue possible grâce au financement du département et de la Fondation d’entreprise du Crédit Agricole Nord de France. C’est important de continuer à soutenir des projets en faveur de la culture, ça doit même devenir une priorité ! C’est également une belle façon de valoriser et de faire connaître la richesse de notre patrimoine.
Instance politique du Crédit Agricole, la Fédération nationale du Crédit Agricole est une association loi 1901. Ses adhérents sont les Caisses régionales, représentées par leurs présidents et leurs directeurs généraux.
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