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La Route des Transitions fait étape en Val de France

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Sur les routes des transitions en Val de France
Jean-Marie Mioult, a créé l'association Grâce au Jardin, promouvant la biodiversité et la permaculture. © Jérémie

Le van du Crédit Agricole sillonnant « les Routes des Transitions » s’est arrêté à Chartres les 11 et 12 juillet.  Dominique Lefebvre, président de Crédit Agricole Val de France, président de la FNCA et de Crédit Agricole S.A., et Jérôme Hombourger, directeur général de Crédit Agricole Val de France, ont accueilli cette deuxième étape.

Cette ville emblématique du patrimoine français est bien connue pour sa cathédrale majestueuse et ses ruelles pittoresques. Mais la région alentour, foyer d’innovation et de transitions durables, mérite également un coup de projecteur. Rencontre avec Éric Mahaut, agriculteur de précision. L’homme a hérité avec son frère des terres familiales : 210 hectares réparties en différentes parcelles. « Au départ, j’ai fait comme tout le monde, sans me poser de question, avec de vieilles méthodes. C’est lors d’une réunion d’information sur le potentiel des sols que j’ai réalisé que je ne connaissais rien de ce qu’il se passait sous mes pieds. » Il fait alors réaliser une analyse précise de son exploitation. Pas moins de 260 prélèvements pour avoir une cartographie très fine de ses terres agricoles. Surprise : l’hétérogénéité en phosphore, pH, potassium… est réelle, y compris entre deux points espacés de seulement une dizaine de mètres. « On a l’impression de connaître nos sols, mais ce n’est pas vrai. » Sur cette base, Éric Mahaut a mis en place une agriculture de précision, c’est-à-dire un recours aux intrants limité, optimisé et différencié selon les zones des parcelles. « On ne peut pas forcer la nature mais on peut essayer de la comprendre. En fait, notre métier d’agriculteur revient à ses racines. Aujourd’hui, je sais pourquoi je mets quoi et où. La précision, c’est la clé de la sobriété. » Une nouvelle technique qui lui a apporté une vraie régularité dans ses rendements agricoles tout en améliorant peu à peu la fertilité de ses sols.

Plonger les mains dans la terre

Des sols plus vivants, c’est aussi le credo de Jean-Marie Lioult. La soixantaine, cet ancien curé de Châteaudun et de Dreux, a eu le déclic après avoir vu le film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent et en lisant l’encyclique du pape François sur l’écologie intégrale, Laudato si’. Il a fondé l’association Grâce au jardin, qui exploite une ferme maraîchère de 7,5 hectares sur la commune de Tremblay-les-Villages. Un retour aux sources pour cet Eurélien titulaire d’un bac agricole et d’un BTS horticulture-paysage.

Tout en marchant sur les herbes fraîchement coupées – tout végétal est laissé sur le terrain pour l’enrichir et servir de puits de carbone – il explique son approche : « Je voulais créer un lieu de biodiversité qui respecte le vivant, tous les vivants. Nous avons donc planté 3 500 arbres dont 1 000 plants en verger circulaire et une forêt comestible. Tout cela est complété, au centre, par un jardin expérimental. »

Adepte de la permaculture, Jean-Marie Lioult assure qu’on peut cultiver de grandes quantités sur de petites surfaces si on abandonne la monoculture et qu’on ne pratique pas l’agriculture extensive. « Ma vision de la sobriété, c’est de mécaniser mon activité le moins possible. Plus on met les mains dans la terre, plus notre rapport au temps et au vivant change », affirme-t-il. Sa ferme maraîchère aide d’ailleurs des jeunes et des personnes éloignées de l’emploi à s’insérer, ou se réinsérer dans la vie professionnelle.

Compensation carbone, diversifier les cultures…

Thomas Martal, le fondateur de Stock CO2, pourrait faire le lien entre Grâce au Jardin et les entreprises de la région. Ce diplômé de l’Ecole Urbaine de Sciences Po a eu l’idée de créer une entreprise capable de mettre en relation des porteurs de projets souhaitant valoriser leurs efforts et les entreprises souhaitant compenser leurs émissions liées à des projets urbains. Opérateur de compensation carbone multisectoriel, Stock CO2 incite les entreprises à minimiser leur impact environnemental, en participant à l’organisation et au financement de filières bas-carbone. « Nous croyons que la solution vient d’une approche “multi-locale”, en agissant un peu comme de l’acupuncture territoriale. En faisant la somme des actions de décarbonation, le but est d’accélérer la transition écologique. »

Le défi est de taille et Arnaud Grymonprez l’a bien compris. Directeur général adjoint du groupe coopératif SCAEL, il milite pour une « RSE avec du bon sens ». « Nous avons tous conscience qu’il est nécessaire de diversifier les cultures mais il faut aussi des débouchés pour ces productions. C’est ce juste milieu que nous voulons trouver pour une agriculture réellement durable sur le long terme », pointe-t-il. Alors, SCAEL accompagne les agriculteurs de la région dans leur transition et leur diversification. « Par exemple, nous testons avec quelques membres un projet de pisciculture locale. Cela leur permet d’ajouter une activité plus régulière sur leur exploitation tout en répondant à un vrai besoin en France », assure Arnaud Grymonprez.

Cesser d’entraver le cycle de l’eau

Retour dans le van électrique pour aller découvrir le siège social d’Éco Végétal, véritable showroom à ciel ouvert de ses différentes activités. « Nous sommes pionniers dans les parkings perméables, les toits végétalisés et la stabilisation des sols agricoles ou équestres », détaille Pierre Georgel depuis le rooftop fleuri de ses locaux. Ce paysagiste, architecte et urbaniste a un credo : cesser d’entraver le cycle de l’eau, même en milieu construit. « Les villes vont devenir de plus en plus denses. Pour éviter le chaos, il faut dès à présent penser au confort des habitants et cela passe par une végétalisation des zones urbaines, qui améliore la qualité de vie, rafraîchit et permet un retour de l’eau dans les nappes phréatiques. » Avantage non négligeable : cela s’inscrit dans une démarche de sobriété. « On parle beaucoup d’albedo ces derniers temps. Certes, peindre en blanc un toit est trois à quatre fois moins onéreux que la création d’un toit végétal. Mais il faudra le repeindre souvent et il n’aide pas au ruissellement de l’eau. On le sait peu, mais végétaliser un toit renforce par deux ou trois son étanchéité en ajoutant une couche de protection. C’est aussi un espace vert supplémentaire, une nouvelle zone de biodiversité et une façon de mieux retenir l’eau. »

Fin de journée et retour au siège du Crédit Agricole Val-de-France, situé au cœur de Chartres, pour échanger avec employés et participants extérieurs. Ils sont mis à contribution pour se projeter dans un avenir durable au travers d’ateliers de design fiction. Objectif : créer, en coopération, de nouveaux imaginaires désirables. Les discussions s’installent, les idées sont couchées sur des post-it puis restituées lors de propositions, bien concrètes, exprimées à une ministre fictive. Une belle expérience de groupe qui a touché Jérôme Hambourger, directeur de la Caisse régionale Crédit Agricole Val-de-France. « Je suis toujours émerveillé par l’intelligence collective et admiratif de la puissance de gens qui ne se connaissent pas mais qui ont un projet commun : le vivre-ensemble. » Et d’ajouter : « la sobriété, ce n’est pas forcément moins. C’est avant tout déplacer les intentions et penser autrement ».

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