[Etape n°14] Sur les Routes des Transitions en Atlantique-Vendée

Entre terre et mer, la Loire-Atlantique et la Vendée dessinent des paysages d’une rare diversité. Le territoire se distingue par un modèle économique où la coopération est un moteur de transformation. La seule région Pays de la Loire recense plus de 13 000 structures d’économie sociale et solidaire, employant près de 170 000 salariés, soit environ 14 % de l’emploi privé régional. A travers quatre initiatives inspirantes, la 14^e étape des Routes des Transitions a rencontré des acteurs qui conjuguent écologie et solidarité.

Titi Floris : la Scop 2.0, une affaire qui roule

Fondée en 2006 par Boris Couilleau, Titi Floris, basée sur un modèle de société coopérative (SCOP), propose un service de mobilité solidaire et inclusive à travers la France pour les personnes en situation de handicap. Avec plus de 300 salariés sociétaires aujourd’hui, sur les 2 300 au total, Titi Floris incarne une SCOP 2.0 alliant réactivité et modernité, loin des clichés sur la lourdeur administrative de ce statut. « L’entreprise est incarnée par une gouvernance partagée mais efficace« , souligne Boris Couilleau.

Implantée sur un territoire où l’ESS est bien ancrée, Titi Floris s’est bien développée dans trente départements et possède 2800 véhicules. Malgré son succès, l’entreprise rencontre des difficultés liées aux marchés publics, ces derniers privilégiant des entreprises à prix bas au détriment de celles qui investissent dans des conditions de travail responsables. Malgré tout, la Scop poursuit sa transition écologique. Elle a investi dans 300 véhicules propres, soit 10 % de sa flotte. Une ambition qui s’avère complexe, tant sur le plan logistique que financier.

L’entreprise poursuit sa route, jonglant entre innovation et gestion financière, tout en maintenant un service de qualité et en gardant son éthique.

Lhyfe : de l’hydrogène vert au plus près des besoins

Dans ses locaux nantais, Matthieu Guesné nous plonge dans sa vision de l’hydrogène vert ancré dans les territoires. En 2017, il fonde sa société Lhyfe et reçoit le soutien d’Alain Leboeuf, président du Vendée Globe, pour son premier site près de Bouin. Lhyfe mise sur un modèle territorialisé, où la production d’hydrogène est pensée au plus près des besoins. L’entreprise travaille avec les collectivités pour décarboner le tissu économique en fonction des ressources locales, nous explique son fondateur. Une approche qui assure un ancrage local fort et une meilleure acceptabilité sociale.

Cependant, la stabilité réglementaire est essentielle pour sécuriser les investissements à long terme. Matthieu Guesné souligne l’importance d’une vision claire sur quinze ans pour éviter les retards. Le financement de ce nouveau secteur énergétique a nécessité une complémentarité entre les banques locales et investisseurs à long terme. Le fondateur plaide aussi pour une meilleure prise en compte des actifs immatériels des entreprises innovantes.

Assurer l’essor de l’hydrogène vert en France et en Europe reste un défi majeur.

Ohé la Terre, la force du collectif pour une agriculture durable

Jean-Marie Gabillaud, agriculteur à la retraite, présente Ohé la Terre, un fonds de dotation novateur. Un projet qui repose sur la coopération entre agriculteurs et entreprises mécènes d’un même territoire. L’objectif étant d’accélérer les transitions face aux grands bouleversements agricoles.

Ohé la Terre fonctionne exclusivement sur un modèle public-privé. Les entreprises locales soutenues accompagnent les agriculteurs engagés dans des pratiques vertueuses. En retour, ces entreprises intègrent les actions du fonds dans leur stratégie RSE. Un modèle qui a démontré son efficacité avec 400 agriculteurs partenaires : 65 km de haies plantées, 10 000 hectares de couverts végétaux semés chaque année. Bien que Jean-Marie Gaillard soit convaincu que l’avenir de l’agriculture repose sur une approche innovante, il souligne l’importance de l’expérience terrain. Il veut aussi démontrer aux agriculteurs que des pratiques durables peuvent être économiquement viables.

Pour Ohé la Terre, le territoire n’est pas une contrainte, c’est une force. Le fonds crée une dynamique intersectorielle où chacun trouve un bénéfice. Ce modèle s’apprête à être dupliqué dans d’autres régions. Preuve que la transition agricole émerge d’initiatives locales et collaboratives.

Vendée Globe Foundation : un engagement pour les océans

Créée en 2024 sous l’impulsion d’Alain Leboeuf, la Vendée Globe Foundation a pour mission de prolonger l’engagement de la célèbre course au large, en faveur de la préservation des océans. Présidée par Gilles Sallé, la fondation vise à soutenir des initiatives concrètes pour la préservation de la biodiversité marine. Elle utilise la notoriété de la course pour sensibiliser aux enjeux climatiques. L’une de ses missions phares est d’exploiter le potentiel des skippers de la course pour recueillir des données en haute mer, notamment dans des régions très au Sud, peu exploitées, où les effets du réchauffement climatique sont plus marqués. Cette année, les balises océanographiques vont permettre de mieux comprendre l’évolution du climat, des courants et de la biodiversité marine. En 2028, la fondation a pour objectif d’équiper tous les bateaux d’outils de collecte.

Il y a trente ou quarante ans, la Vendée était un territoire mal connu. Aujourd’hui, grâce à la course, elle devient même une région attractive pour des multinationales. Plus qu’un événement sportif, c’est un levier de coopération et de dynamisme économique qui fédère entreprises, élus et institutions autour d’une marque territoriale forte.