Comment donner à voir un lieu du passé quand celui-ci a été amputé d’une grande partie de ses bâtiments ? Comment rendre compte et restituer fidèlement la richesse d’un patrimoine ? Ces questions ont été au cœur des réflexions menées par le Centre des monuments nationaux (CMN). Il y a plus d’un an, son président a décidé d’entreprendre un ambitieux programme de renouvellement et d’enrichissement des outils de médiation numériques du monument.
« Le choix de proposer des outils numériques pour essayer de faire comprendre l’abbaye de Cluny aux visiteurs s’est imposé. Au-delà du gadget, il s’agit ici d’une réelle nécessité », explique Benoît-Henry Papounaud, administrateur du site. Et pour cause. Au fil du temps, et notamment suite à la Révolution, de nombreux bâtiments ont été détruits, l’endroit s’est déstructuré au point de rendre son histoire illisible. « Il est extrêmement difficile pour un visiteur de comprendre l’organisation de ce lieu qui s’étend sur cinq hectares et dans lequel la ville est imbriquée. D’imaginer où il se trouve, quels bâtiments existaient, etc. ».
Depuis le mois de juillet 2021, de nouveaux outils, composés d’imagerie 3D et de réalité augmentée, jalonnent le parcours et offrent au public une visite ponctuée d’immersions dans le temps. Ils aident à mieux comprendre l’endroit, riche de nombreux bâtiments monastiques, d’un musée d’art et d’archéologie, d’un bourg composé de maisons romanes et gothiques, de deux églises, d’un majestueux Hôtel-Dieu…
Déjà en 2010, à l’occasion du 1 100e anniversaire de la fondation de l’abbaye, des travaux avaient été entrepris, une grande exposition et aussi de premiers outils numériques avaient été installés sur le site. « Cluny a d’ailleurs été précurseur dans l’utilisation des bornes de réalité augmentée même s’il s’agissait alors de prototypes aux fonctionnalités limitées », souligne Benoît-Henry Papounaud.
« Ces bornes accessibles à différents points du parcours permettent de comprendre l’ampleur exceptionnelle de l’endroit », insiste-t-il. Au niveau de l’accueil, en guise d’introduction, le public plonge directement, face à un mur courbe de 7 mètres, dans une reconstitution évolutive du site. Une immersion pour remonter mille ans d’histoire. Puis, le visiteur déambule jusqu’à trouver un film en 3D consacré à l’église abbatiale, la plus grande église de la chrétienté au Moyen-Âge, qui faisait la renommée de l’abbaye.
Ensuite, le long du parcours, quatre bornes de réalité augmentée reprennent le principe de celles de 2010 devenues obsolètes et permettent de rendre compte de ce qui existait. Leurs fonctionnalités, beaucoup plus riches, les rendent accessibles aux personnes à mobilité réduite, et facilitent la visite des plus jeunes. Leur piétement fixe supporte un écran tactile dont l’axe de rotation à 180° permet de découvrir tous les aspects de l’édifice du sol au plafond. Des images cliquables renvoient vers des images en 3D enrichies de cartels. Un curseur temporel s’effleure du doigt de gauche à droite pour visualiser l’état du bâtiment depuis sa création. Enfin, le dernier outil permet de projeter sur un grand mur blanc la reconstitution de l’endroit précis où l’on se trouve. A savoir, le cœur d’une ancienne église dont il ne reste que la base de l’autel à partir duquel l’édifice entier a été reconstitué.
Globalement, un immense travail de recherche scientifique a été mené afin de reproduire au plus juste les éléments de l’époque. Des archéologues et infographistes ont œuvré durant plus d’un an pour la renaissance de ce lieu, rendue possible grâce aux travaux de recherche et aux nouvelles technologies. Ce projet, mêlant humain et digital au service de l’attractivité de nos territoires, a été soutenu par les fondations Solidarités by Crédit Agricole Centre-est et Crédit Agricole Pays de France.
Instance politique du Crédit Agricole, la Fédération nationale du Crédit Agricole est une association loi 1901. Ses adhérents sont les Caisses régionales, représentées par leurs présidents et leurs directeurs généraux.
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