Corinne, porteuse d’un handicap, réinvente sa vie jour après jour

J’ai débuté en 1989 comme secrétaire guichetière à l’agence de Molsheim. Juste avant mon accident, j’étais conseillère agri à l’agence d’Obernai au Crédit Agricole Alsace Vosges. Je m’épanouissais dans ma nouvelle fonction, j’appréciais notamment le contact avec les clients mais j’ai dû interrompre mon activité pendant la durée des soins et de ma convalescence. Après 18 mois d’absence, à la demande du médecin conseil de la Sécurité sociale agricole, l’entreprise m’a proposé de travailler en mi-temps thérapeutique. J’ai alors intégré le siège à Strasbourg sur un poste en middle office en soutien des conseillers pro agri, avec des horaires aménagés me permettant de prendre le train pour venir travailler. J’ai été accompagnée par Véronique Noé (ndlr : correspondante Handicap et Emploi au Crédit Agricole Alsace Vosges) qui m’a soutenue dans toutes mes démarches notamment dans la demande de Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (ndlr : ce statut permet aux personnes en situation de handicap de leur garantir un emploi).

Mon poste de travail a été adapté : nouveau fauteuil, souris d’ordinateur ergonomique, etc. Véronique m’a également aidé à monter mon dossier d’invalidité qui me permet aujourd’hui de complémenter partiellement la perte de revenus. J’ai aussi obtenu une dotation pour l’emploi d’une aide à domicile. Je suis consciente de la chance que j’ai d’évoluer dans une entreprise comme le Crédit Agricole qui m’accompagne sur tous les plans. D’autres n’ont pas droit à un tel soutien. Parmi les personnes rencontrées pendant ma convalescence au centre de rééducation à Colmar, certaines déploraient la perte de leur emploi, liée à leur nouvelle situation. C’est quelque chose qui m’a beaucoup touché. 

Aujourd’hui, j’apprends à vivre chaque jour avec mon handicap, à réinventer la vie. Surtout à entretenir un bon moral car il est l’essence de la vie. Pour faire le plein d’énergie, je fais de la méditation, du chant dans une chorale, des balades dans la nature. Ma plus grande joie est d’être mamie d’une petite fille prénommée Emma. Hasard de l’histoire, elle est née un mois après mon accident, comme pour apaiser mes maux… Depuis, j’ai revu mes priorités dans la vie et je peux affirmer aujourd’hui qu’elle est drôlement belle ! »