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Assurance et climat : le point de vue de Thierry Langreney

Climat

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Thierry Langreney, fondateur de l'ONG Les Ateliers du Futur

Thierry Langreney, fondateur de l’ONG les Ateliers du Futur, anciennement directeur général adjoint de Crédit Agricole Assurances, s’est vu confier une mission sur l’assurabilité des risques climatiques par le gouvernement. D’assureur à président d’une ONG en faveur du climat, Thierry Langreney nous explique le rôle clé que jouent les acteurs financiers, comme le Crédit Agricole, dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Parcours de Thierry Langreney

2010 Directeur général de Pacifica
2015 Directeur général adjoint de Crédit Agricole Assurances
2021 Président des Ateliers du Futur

– Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes passé du métier d’assureur à la présidence d’une ONG en faveur du climat ?

Au cours de ma carrière dans le domaine des assurances, j’ai assisté à l’envolée spectaculaire des aléas climatiques. En 2019, alors que les tempêtes, les sécheresses extrêmes, les inondations se succèdent, nous prenons conscience, avec les scientifiques de Météo France et de l’École nationale de météorologie, de la gravité de la situation, mais aussi des anomalies qui découlent de nos modèles actuariels[1]. Mais aussi et surtout de l’écart entre le défi climatique et la faible activité des décideurs politiques et économiques. En 2021, je décide alors de créer notre ONG « Les Ateliers du Futur ».

– Quel est le but de cette ONG ?

« Les Ateliers du Futur » a pour mission d’inciter les entreprises mondiales à agir plus et plus rapidement en faveur du climat. Contrairement au grand public, elles ont les moyens et le savoir-faire permettant de décarboner les activités humaines. Cependant, elles doivent gérer les contradictions entre le court terme et le long terme, notamment en terme de croissance et de productivité. Pour les aider, nous actionnons trois leviers : la sensibilisation des décideurs actuels (dirigeants et élus d’entreprises), le challenge de leurs trajectoires climat et des politiques publiques qui les encadrent, et la formation des enseignants afin de préparer les décideurs de demain.

– Quelle est la nature de la mission qui vous a été confiée, en mai 2023, par l’Etat ?

Bruno le Maire et Christophe Béchu m’ont demandé – avec deux autres experts –, des préconisations pour consolider le régime français des catastrophes naturelles et renforcer la contribution des assureurs à la prévention des risques et à l’atténuation du changement climatique.

– Quel est le rôle du Crédit Agricole dans la transition écologique ?

Son rôle est majeur. Toutes les entreprises auront besoin du soutien de leurs partenaires financiers (banques, investisseurs institutionnels et même des banques centrales) pour réussir leurs plans de transition climatique. Rendus obligatoires par de prochaines directives européennes, ces derniers imposent aux entreprises de combiner performance économique et responsabilité environnementale. Elles doivent donc innover et investir dans les nouvelles technologies, les énergies renouvelables, l’électrification, etc. Le Crédit Agricole soutient également les start-up de la GreenTech pour aider à décarboner les activités humaines et à faire émerger des modèles industriels plus verts. Il participe donc à construire le monde de demain tout en consolidant la souveraineté européenne.

Concrètement, comment faire pour construire le monde de demain ?

Les banques peuvent, à mon sens, actionner quatre grands leviers : d’abord celui de l’inspiration, les dirigeants doivent impulser une dynamique de changement au sein de leurs entreprises afin de sensibiliser leurs collaborateurs et leurs clients. Par exemple, les Caisses régionales Aquitaine et Charente-Maritime Deux-Sèvres m’ont sollicité pour expliquer les enjeux climatiques à leurs clients. En second lieu, il est très utile que les banquiers participent à une émulation collective et à un partage de bonnes pratiques pour aider leurs entreprises clientes à progresser à l’instar du « Grand Prix des Entreprises Engagées » organisé par LCL et GreenFlex. Le troisième levier possible est celui de l’incitation financière en proposant aux clients, par exemple, des prêts à taux variables et/ou nuls, comme le font déjà certaines Caisses régionales, en fonction de leurs performances extra-financières.  

Le dernier levier à activer concerne les politiques et les normes. Les banques doivent exiger de leurs clients des trajectoires de réduction des gaz à effet de serre crédibles et alignées sur l’Accord de Paris. Elles doivent utiliser leur pouvoir d’influence pour rehausser sans cesse la transparence et les ambitions de ces plans, en conformité avec la réglementation. Elles seront elles-mêmes scrutées s’agissant de leurs trajectoires de décarbonation !


[1] L’actuaire est un haut technicien de l’assurance. Il réalise des études économiques, financières et statistiques pour mettre au point des contrats.

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