Selon la justice américaine, le gruyère ne vient pas nécessairement du village de Gruyères en Suisse et pas non plus de producteurs français. L’interprofession du célèbre fromage des Alpes tentent de protéger l’appellation.
Y-aura-t-il bientôt du gruyère made in USA ? Début janvier, un juge fédéral a estimé que le terme gruyère était devenu « générique » aux États-Unis. « Des décennies d’importation, de production, et de ventes de fromages appelés gruyère, mais produits en dehors de la région de la Gruyère en France et en Suisse ont érodé le sens du terme et l’ont rendu générique », a-t-il déclaré.
Cela empêcherait, selon lui, de l’inscrire au registre des marques pour le réserver aux produits originaires de Suisse et de France. Désormais, le gruyère peut donc être utilisé par tous les producteurs du Wisconsin. Il souligne d’ailleurs que des producteurs américains fabriquent du gruyère dans cet État depuis les années 1980.
L’interprofession du Gruyère, qui représente les acteurs du secteur en Suisse, et le Syndicat interprofessionnel du Gruyère, en France, ont notifié leur intention de faire appel de cette décision. Car « Du fromage fait dans le Wisconsin ne peut pas reproduire le goût unique du vrai Gruyère fait en Suisse ou en France », assurent-ils. Pour les producteurs : « Le gruyère est fabriqué avec soin à partir d’ingrédients locaux et naturels, en utilisant des méthodes traditionnelles qui assurent le lien entre la région d’origine et la qualité du produit final ». Pour Luc Chabert, directeur général des Fromageries Chabert à Vallières-sur-Fier (Haute-Savoie) et client de la Caisse régionale des Savoie : « Le gruyère implique de respecter certains critères comme le respect de quatre mois d’affinage minimum, des vaches nourries aux herbes et au foin. »
D’ailleurs, le Gruyère AOP détient son Appellation d’origine contrôlée (AOC) depuis le 6 juillet 2001. Elle est reconnue à l’échelon européen depuis décembre 2011 et sa dénomination est devenue « Appellation d’origine protégée ». Toute la fabrication est réglée par le cahier des charges, indispensable à toute AOP. Alors, la question de la solidité des appellations se pose. « Cela remet en question le principe même de l’AOP. On nie l’existence du cahier des charges européen », déplore Nathalie Coronel animatrice du syndicat interprofessionnel du gruyère dans une interview accordée au Figaro. Cet indicateur est censé protéger le savoir-faire d’une région en lui permettant d’avoir un avantage commercial sur d’autres produits similaires. Des enjeux économiques considérables en découlent.
Enfin, l’Union européenne avait tenté d’obtenir des protections pour environ 200 produits associés à ses territoires (comté, chablis, parmesan, etc.), lors des négociations pour un traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis (Tafta) qui ont finalement achoppé.
Instance politique du Crédit Agricole, la Fédération nationale du Crédit Agricole est une association loi 1901. Ses adhérents sont les Caisses régionales, représentées par leurs présidents et leurs directeurs généraux.
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