La forêt des Landes s’impose comme la plus grande forêt artificielle de l’Europe de l’Ouest. Elle est aujourd’hui une ressource de premier plan pour l’industrie du bois et la protection du massif et repose sur un équilibre . Pour sa 11e étape, la Route des Transitions s’est immergée sur ce territoire à la rencontre de ceux qui réinventent la forêt en conciliant tradition et modernité, exploitation et protection, pour faire de cette forêt un modèle unique et durable.
La forêt des Landes , un écosystème à la fois précieux et vulnérable
La forêt des Landes, plus vaste forêt de pins maritimes d’Europe, est à la fois un formidable puits de carbone, un réservoir de biodiversité et une ressource économique vitale pour la région. Paradoxalement, ce massif monospécifique de pins maritimes est aussi particulièrement vulnérable aux incendies, comme l’ont tristement démontré les feux de forêt de 2022. Malgré les incendies mortels de 1949, le manque de respect des obligations légales débroussaillement (OLD), y compris pour les industriels, est un problème récurrent.
Pour Pierre Macé, directeur de la DFCI Aquitaine, la solution réside dans un équilibre entre valorisation économique et gestion durable des forêts. « Un territoire valorisé, c’est un territoire protégé. Ce qui n’a pas de valeur n’est pas protégé, et ce qui n’est pas protégé finit par se détruire. » Il insiste également sur l’importance d’une approche préventive et systémique, intégrant à la fois le changement climatique et la pression démographique. Pierre Massé met aussi en garde contre certaines approches écologiques qui prônent un ensauvagement total, les jugeant contre-productives. Il préconise une gestion active, équilibrée et pensée sur le long terme : « La forêt est une opportunité pour le territoire, mais elle doit être protégée par une exploitation raisonnée. »
L’IA pour mesurer l’impact de l’homme sur l’environnement
Kayrros, une entreprise innovante, utilise l’intelligence artificielle et l’imagerie satellitaire pour mesurer l’impact de l’homme sur l’environnement. Grâce à des modèles et des indicateurs précis, Kayrros aide les entreprises, les citoyens et les collectivités à mieux comprendre et gérer les risques environnementaux. L’entreprise compte parmi ses clients, des institutions financières, des assureurs et des acteurs publics pour améliorer la prévention face aux catastrophes naturelles.
Par exemple, Kayrros a collaboré avec des pompiers pour développer un modèle de détection du couvert végétal autour des habitations, facilitant ainsi l’identification des maisons n’ayant pas respecté les consignes de débroussaillage. Grâce aux cartes, ils peuvent visualiser en un clin d’œil et à grande échelle l’état d’une région et mieux cibler leurs actions, nous précise Mathilde Allençon, chef de projet climat et environnement chez Kayrros. Le satellite – des données issues de l’ESA et de la NASA – permet d’avoir des mesures fiables qui sont basées sur la réalité observée du terrain avec une mise à jour régulière. En cas de feu de forêt, Kayrros utilise des images satellite pour suivre la propagation en temps réel et évaluer rapidement l’ampleur des dégâts, permettant ainsi une aide plus efficace aux secours et des indemnisations plus rapides.
Kayrros surveille également l’impact global de l’homme sur l’environnement, comme la déforestation et l’artificialisation des sols, afin d’inciter les entreprises à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement. L’entreprise agit sur trois leviers : la pression financière, réglementaire et médiatique, pour encourager les changements positifs et la préservation des écosystèmes.
Un ecosystème économique difficilement délocalisable
Smurfit Westrock, une usine de papeterie en France, est née de l’utilisation de la forêt landaise. Elle utilise le pin maritime pour produire du papier kraft. C’est l’une des plus importantes unités européennes de production de papier kraft, environ 700 000 tonnes par an et près de 500 emplois. L’entreprise s’engage pour une exploitation durable de cette ressource, participant activement à la gestion de la forêt et créant un écosystème économique important pour la région, souligne Bruno Tormen, CEO Kraft France Smurfit Westrock.
L’usine valorise tous les éléments du pin, de la fibre de cellulose à la lignine pour l’énergie, et même le bois incendié. Cette activité génère un écosystème économique structurant pour la région et difficilement délocalisable. Smurfit Westrock travaille également à la décarbonation de son activité, avec 94% de ses émissions de CO2 biogéniques et un objectif de neutralité carbone d’ici 2030. L’entreprise investit dans l’innovation et entrevoit un avenir de croissance en remplaçant le plastique par des emballages en papier et répondre à la demande croissante de solutions durables. Elle a notamment produit le carton des sommiers des lits du village olympique, qui sera ensuite recyclé par une autre filiale du groupe.
Smurfit Westrock incarne un modèle d’économie circulaire, où la forêt est valorisée et protégée, et où chaque acteur de la filière trouve sa place.
Le liège, un matériaux biosourcé aux multiples usages
Lièges HPK, une entreprise fondée en 1856, basée dans le Lot-et-Garonne, travaille le liège pour des applications de pointe, notamment dans le secteur spatial et la défense. Bien que la production locale de liège ait diminué, l’entreprise, dirigée par Agnès de Montbrun, s’approvisionne actuellement au Portugal. Une situation, par ailleurs, qui ne lui convient pas. Très attachée à son département, elle participe activement à l’association « Le liège Gascon » qui œuvre, depuis 2005, à la relance de la filière en Gascogne.
Lièges HPK mise sur la qualité car elle fournit des secteurs de pointe, notamment la fabrication de pièces pour Ariane Group et de sous-marins militaires, tirant parti de ses propriétés isolantes et de sa résistance à l’humidité. En effet, le liège est très recherché pour ses qualités d’isolant thermique et acoustique et très demandé pour équiper le pont de bateaux. L’entreprise a même fourni du liège pour le bouclier de la capsule Schiaparelli, envoyée sur Mars en 2016.
Agnès de Montbrun souhaite relocaliser la production de liège en France et mise sur une meilleure structuration de la filière avec le soutien des pouvoirs publics et des propriétaires forestiers. Ce pari sur l’avenir pourrait renforcer l’indépendance industrielle française et ancrer durablement la filière du liège dans l’économie locale, tout en contribuant à rendre les forêts françaises plus résilientes face aux incendies.
L’entreprise compte 25 personnes, génère aujourd’hui 3,2 millions d’euros de chiffre d’affaires et travaille à 60 % pour le spatial et la défense.
Instance politique du Crédit Agricole, la Fédération nationale du Crédit Agricole est une association loi 1901. Ses adhérents sont les Caisses régionales, représentées par leurs présidents et leurs directeurs généraux.
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