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[Etape n°8] Sur les Routes des Transitions à Saint-Étienne

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etape 8 Route des transitions en Loire Haute-Loire
La ville de Saint-Etienne

Saint-Étienne, ville au riche passé industriel, est mobilisée dans une démarche de reconquête de son avenir. La ville et, plus largement, le territoire de Loire et Haute-Loire font face à des défis économiques, sociaux et environnementaux qui s’entremêlent.

Doté d’un solide héritage industriel et agricole et d’un tissu économique à l’esprit entrepreneurial, le territoire de Loire Haute-Loire doit pour autant prendre en compte la dimension de la fragilité sociale de sa population. De fait, la question de la « transition juste » est très présente dans son agenda (15 % de la population de la Loire vit en dessous du seuil de pauvreté). La région explore ainsi de nouvelles voies pour conjuguer durabilité, technologie et ancrage territorial.

Au cœur de cette transformation, des acteurs locaux se mobilisent, des entrepreneurs se saisissent des questions sociétales pour créer de la valeur durable, des industriels repensent leurs modèles de production pour minimiser leur empreinte carbone, des institutions éducatives intègrent les défis naturels dans leurs programmes de formation, des nouvelles formes de coopération s’installent pour bâtir un avenir où tradition et modernité s’entrelacent.

Les initiatives rencontrées pour la 8e étape de la Route des Transitions en Loire Haute-Loire illustrent la capacité d’un territoire à conquérir son avenir en conciliant passé industriel, traditions agricoles, esprit d’entreprise et perspectives écologiques.

Le Campus Agronova, à Précieux, intègre la transition agroécologique dans les programmes de formation, mêlant outils d’analyse, modèle économique des exploitations, adaptation et résilience climatique des choix culturaux et autonomie alimentaire. À Andrézieux-Bouthéon, la Fabrique à Poudre, une start-up qui relocalise l’industrie et favorise les circuits courts, propose des produits de grande consommation adaptés aux usages durables en diminuant drastiquement les plastiques et les émissions de gaz à effet de serre liés au transport. Depuis Saint-Étienne, e-Totem est devenue une référence nationale pour l’installation des bornes électriques en intégrant toute la chaine de valeur, de l’analyse à la mise en place. Enfin, Setforge, à L’Horme, entreprise centenaire modernise profondément son processus de fabrication pour réduire son empreinte carbone et en faire un argument commercial au service de son développement international.

Campus Agronova : terres d’avenir

© Jérémy Lempin

La première étape de cette Route des Transitions nous emmène à Précieux, dans la plaine du Forez, à environ 30 minutes au nord-ouest de Saint-Étienne. C’est un des deux sites du Campus Agronova qui souhaite se distinguer comme un laboratoire d’innovation pour la transition agroécologique adaptée aux caractéristiques environnementales et sociales de la Loire. Fondée sur l’idée que l’agriculture de demain doit conjuguer performance économique, durabilité environnementale et justice sociale, cette école propose des formations qui vont bien au-delà des techniques agricoles traditionnelles. Ici, quelque 700 élèves, de la troisième à la licence, des adultes en reconversion et des apprentis sont formés aux trois métiers du secteur agricole : la production, la mécanique et la vente. « Nous enseignons autant la gestion technique d’une ferme que la compréhension des dynamiques territoriales et du changement climatique, explique son directeur Jean-Baptiste Auroy. Le Campus Agronova a cette culture de travailler, à la fois, pour les jeunes en formation et pour tout l’écosystème dans lequel il est partie prenante. »  Les élèves sont ainsi immergés dans des approches diversifiées tout en abordant de manière très pragmatique les défis liés aux sols, au bassin versant et aux besoins alimentaires des villes alentour.

À Précieux, on y trouve quelque 50 vaches laitières, qui passeront peut-être en bio prochainement. Le Campus est aussi en train de se doter d’une petite unité de méthanisation. Un projet initié depuis trois ans. « Il faudrait davantage parler de récolte du biogaz car nous avons opté pour une installation très légère en raison de la taille de notre exploitation qui ne nous permet pas d’alimenter et donc de rentabiliser une unité complète, précise Guillaume Leclercq, chef de projet au Campus Agronova. Mais cela va permettre aux élèves d’apprendre le principe de la méthanisation et le contexte réglementaire de cette activité. C’est un processus assez complexe mais cela peut aussi devenir un complément de revenus très intéressant pour les agriculteurs. C’est donc stratégique pour l’avenir. »

Au-delà des pratiques agricoles, le campus met l’accent sur une vision élargie du territoire, prenant en compte la souveraineté alimentaire, l’économie circulaire, les solidarités locales ainsi que la prise en compte des relations ville-campagne. L’éducation ne s’arrête pas aux compétences techniques : elle s’étend à la citoyenneté et à la capacité des jeunes agriculteurs à devenir des acteurs du changement. « Il ne s’agit pas seulement d’enseigner des techniques agricoles mais de former des citoyens prêts à relever les défis climatiques et alimentaires de demain », conclut Jean-Baptiste Auroy. Sur les terres de la plaine du Forez, le Campus Agronova incarne le rebond d’un territoire rural qui, en misant sur l’innovation et la transition environnementale, redéfinit son avenir sans jamais renier ses racines agricoles. Chaque parcelle de terre est une opportunité d’apprentissage, chaque projet étudiant, une graine d’avenir.

La Fabrique à Poudre : innover pour un quotidien plus vertueux

©Jérémy Lempin

Il ne faut que 20 minutes de route à bord du van Crédit Agricole pour rejoindre Andrézieux-Bouthéon et l’usine de la Fabrique à Poudre. Cette jeune entreprise incarne la nouvelle vague d’entrepreneurs engagés pour une économie plus durable. En janvier 2023, Mickaël Urrea, alors âgé de 26 ans, a fait le pari de profiter de l’évolution des usages de consommation pour proposer des produits durables favorisant cette nouvelle forme de consommation. Cette jeune entreprise travaille sur les produits du quotidien. Cosmétique, agroalimentaire et détergence : voilà les trois marchés que cette start-up veut bousculer avec ses recharges solides. « L’objectif est de créer des produits accessibles, sans compromis sur la qualité, tout en réduisant drastiquement les emballages plastiques et l’empreinte carbone », affirme le fondateur. Grâce à une technologie brevetée et un savoir-faire axé sur l’optimisation des procédés, la Fabrique à Poudre mise sur des solutions innovantes, à la fois économiques et respectueuses de l’environnement.

En s’implantant localement et en collaborant avec des fournisseurs européens, l’entreprise contribue à la réindustrialisation régionale. « Nous sommes les seuls en France à proposer des bouillons cubes fabriqués dans l’Hexagone à partir de produits français exclusivement. C’est une relocalisation dont je suis très fier », souligne Mickaël Urrea. Après avoir démarré en 2023 avec trois employés, dont ses parents, le voilà à la tête d’une entreprise qui emploie 19 personnes en 18 mois. Et quatre recrutements sont en cours. « Nous allons construire une usine plus grande et automatiser peu à peu bon nombre de tâches réalisées actuellement manuellement, le temps de stabiliser les processus de production. L’objectif est de pouvoir proposer ainsi des emplois à valeur ajoutée. »

Cet ancrage local et cette volonté de redynamiser le bassin stéphanois tient à cœur de l’entrepreneur : « Le fabricant de nos cartons d’emballage est situé à 2 kilomètres d’ici. J’opte toujours pour des solutions de proximité si je le peux. C’est plus facile dans tous les aspects de la collaboration. » Ce dynamisme reflète une vision à long terme où rentabilité rime avec durabilité et responsabilité. À la Fabrique à Poudre, chaque innovation est pensée comme une brique pour bâtir un avenir plus écologique, accessible et… durable.

eTotem : la mobilité électrique

Cofondée il y a plus de dix ans par Hervé Sonneville, e-Totem est une entreprise pionnière de l’électromobilité dans la région de Saint-Étienne. Un pari réussi : eTotem est aujourd’hui présent dans toute la France ainsi qu’à l’étranger et l’entreprise a triplé son chiffre d’affaires en 2023. « Notre ambition est de démocratiser l’électromobilité en facilitant la recharge pour tous », explique le fondateur. Il faut remonter en 1958 pour mieux comprendre les racines d’eTotem et son développement rapide. Direction Saint-Bonnet-le-Château, à 40 minutes à l’ouest de Saint-Étienne. C’est ici qu’est née la société Atomelec à la fin des années 50. Celle-ci commercialise d’abord des solutions de stockage et de distribution d’énergie avant de développer une spécialité dans les coffrets électriques.

À la tête de cette société depuis 2008, Hervé Sonneville a vu très tôt le potentiel des véhicules électriques… à condition d’un maillage poussé des bornes de recharge. « Nous avions la technologie mais il nous manquait la brique logicielle. Je me suis donc associé à des acteurs du numérique pour fonder en 2012 eTotem. » Des experts avec qui il a pu développer des bornes de recharge intelligentes et accessibles, répondant aux besoins des particuliers comme des professionnels. Travaillant main dans la main avec Atomelec, eTotem a pu rapidement se développer.

Son premier client majeur, la métropole de Saint-Étienne a permis à eTotem de se lancer à grande échelle. Depuis, la société a remporté les appels d’offre de la métropole de Nantes, de Montpellier, du Grand-Paris… Elle est un des cinq premiers installateurs de réseaux de bornes électriques en France. Au-delà des frontières, elle travaille déjà en Espagne et au Royaume-Uni et compte se déployer dans toute l’Europe. Ses solutions complètes, intégrant matériel et services numériques, s’inscrivent parfaitement dans les projets de transition énergétique.

e-Totem se distingue par son approche écosystémique, intégrant la fabrication locale et une maintenance optimisée pour limiter l’impact environnemental. Chaque borne, pensée pour être performante et intuitive, reflète une volonté d’innovation durable et de qualité. D’ailleurs, l’entreprise se fournit exclusivement en énergies décarbonées. « Nous croyons en une mobilité accessible et cohérente avec les enjeux climatiques », précise le fondateur. En anticipant les évolutions du marché, e-Totem accompagne le rebond de l’industrie locale tout en participant activement à la construction d’une infrastructure clé pour l’avenir de la mobilité verte. Une success story à l’image des ambitions de la région.

Setforge : à l’avant-poste de la transition industrielle

© Jérémy Lempin

Pour la dernière étape en Loire Haute-Loire, nous avons garé notre van à L’Horme, sur le parking de la société Setforge, à une vingtaine de minutes de Saint-Étienne, non loin de Saint-Chamond. À priori, Setforge, entreprise industrielle plus que centenaire pourrait sembler être à des années-lumière de la transition écologique en raison de ses activités de forge et d’usinage par traitement thermique, activités ô combien énergivores. La forge consomme 4 à 5 gigawatts d’électricité et 23 gigawatts de gaz par an ! Et elle émet quelques millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre chaque année. Et pourtant, la rencontre avec son directeur général, Didier Forestier, bouleverse les préjugés. L’échange commence par une visite de la forge. Un moment hypnotique où de grosses briques d’acier sont extraites de fours chauffés à plus de 1 000 degrés pour être façonnées sur des matrices à l’aide d’un pilon de plusieurs dizaines de tonnes. Le sol tremble à chaque choc de l’énorme masse sur l’acier rouge vif. Les étincelles fusent et les forgerons aux manettes sont concentrés sur leur tâche des plus délicates.

Setforge existe depuis 1906. Elle a commencé par fabriquer des pièces agricoles avant de se diversifier. Au début des années 2000, elle produit notamment des éléments pour des moteurs automobiles. Mais, en 2008, la crise des subprimes arrive au pire moment pour l’entreprise : elle vient d’investir massivement dans du matériel pour forger des moteurs HDI alors même que plus aucun constructeur ne passe de commandes du fait de l’impact de cette crise sur les activités mondiales. Dépôt de bilan. Heureusement, Setforge sera repris par Farinia Group et pourra se relancer. Aujourd’hui, la société fabrique des pièces pour les engins de chantiers des travaux publics, le ferroviaire, le textile ou encore l’armement. Setforge a su rebondir et a embrassé, depuis la sortie du Covid, un nouveau défi majeur : décarboner son activité.

« Nous sommes en croissance mais nous voulons aussi réduire notre impact carbone. Cela peut sembler antinomique mais ce n’est pas le cas. Nous sommes persuadés de pouvoir lier les deux », affirme Didier Forestier. L’entreprise a donc lancé une stratégie de décarbonation, nommée eCar pour « élimination carbone », et un plan d’investissement pour développer des procédés de production plus durables.

À travers différentes initiatives, Setforge illustre le rebond possible d’une industrie historique grâce à l’innovation et à une vision durable, tout en continuant de fabriquer des pièces essentielles pour des acteurs mondiaux tels qu’Alstom, Caterpillar ou Nexter.

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