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La route des Transitions » à la rencontre des acteurs de l’économie bleue dans le Finistère

Sociétariat

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La route des transitions
©Jérémy Lempin

L’équipe de la « La route des Transitions » a emprunté les routes de la Bretagne Nord à bord du van électrique du Crédit Agricole pour aller à la rencontre des femmes et des hommes au cœur de l’économie bleue. Avec ses 2 730 kilomètres de côtes et sa richesse en biodiversité, la région dispose d’atouts majeurs. 

Comment développer une économie durable de la mer sans épuiser les ressources dont elle dispose ? Au cours de cette nouvelle étape sur les routes de la Bretagne Nord, Éric Campos est parti à la rencontre de quatre actrices et acteurs du changement. Quatre personnes pour qui la transition écologique s’écrit au quotidien. Que l’on parle de biotechnologies marines ou d’élevage d’huîtres.

Sur le port de Brest et sous le soleil, l’équipe a d’abord échangé avec André Yvin, directeur général de TechSeaLab. Une société de biotechnologie marine fondée en 2013 à Penmarc’h, au sud-est de Quimper, spécialisée dans la fabrication de biostimulants agricoles à partir d’algues. « Nous nous fournissons sur le littoral à proximité, auprès de récoltants d’algues sauvages. Ils pêchent, à marée basse ou à faible profondeur, des macro-algues nommées ascophyllum [ou goëmon noir, NDLR].

L’algue de bord de mer, une des plantes les plus stressées au monde

Cette algue sauvage se révèle particulièrement riche en ingrédients actifs. « C’est sans doute une des plantes les plus stressées de la planète. Elle aime les eaux froides mais, deux fois par jour à marée basse, elle se retrouve à découvert et en plein soleil. Elle a donc une forte capacité de résilience, très intéressante pour nourrir d’autres plantes. C’est pourquoi, une fois récoltée, nous nous efforçons de ne pas la dénaturer », précise André Yvin. Transformée à froid, cette matière première marine – 100 tonnes par an – devient un biostimulant, notamment pour l’agriculture (y compris bio). « Ce produit aide la plante à stimuler ses défenses naturelles », résume-t-il. TechSeaLab a enregistré 1,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, grâce à des ventes aussi bien sur le territoire français qu’à l’international.

Direction maintenant Roscoff et sa station marine biologique fondée en… 1872 ! Sur les rochers face à l’île de Batz, Morgane Rousselot, cofondatrice de SeaBeLife, nous explique sa quête de molécules capables de repousser la mort. Cette scientifique a créé en 2019, avec Claire Delehouzé, cette biotech qui développe une gamme de candidats-médicaments destinés à bloquer la mort cellulaire dans le cas de certaines maladies très graves. « Nous avons déjà dix ans de recherche derrière nous car nous avons commencé à travailler sur ce sujet durant nos études, précise-t-elle. Il y a deux projets en parallèle où il est à chaque fois question d’identifier des molécules d’intérêt thérapeutique. Le premier concerne les hépatites sévères aiguës du foie et le second s’intéresse à l’atrophie géographique, c’est-à-dire la forme sèche de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), une maladie qui peut rendre aveugle très vite. »

La ressource marine pour sauver des vies

SeaBeLife a créé une plateforme technologique pour tester les molécules afin d’identifier leur intérêt dans le traitement de ces maladies. « Nous avons d’ores et déjà identifié des pépites, dont une bonne partie provient du milieu marin, assure Morgane Rousselot. C’est important car un nombre considérable de patients attendent des traitements pour ces maladies. » Une fois identifiées, ces petites molécules sont ensuite optimisées et adaptées en fonction de la façon dont elles seront administrées (intraveineuse, collyre, cachet…). Et comme elles sont ensuite répliquées de manière synthétique, cela ne vient pas épuiser les ressources marines. Mais le chemin est long avant la première commercialisation d’un médicament. « Nous en sommes au stade des tests précliniques. Nous devrions pouvoir faire les premiers tests cliniques courant 2026 puis ces molécules seront vendues à des laboratoires pharmaceutiques, sans doute fin 2027. » Il faudra alors sans doute attendre 2030 pour la mise sur le marché, le temps de finaliser le traitement et d’obtenir le feu vert des autorités sanitaires.

Au volant de son van, Éric Campos reprend la route pour Plouguerneau, toujours dans le nord finistérien. C’est ici qu’est basée, au cœur du plus grand champ d’algues d’Europe, Agrimer, spécialisée dans les cosmétiques marins. Cette société est labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant. Cette reconnaissance de l’État distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.

Son président André Prigent nous accueille pour nous faire découvrir cette entreprise familiale, créée il y a trente ans. Il est la deuxième génération à la tête de la société et sa fille travaille à créer de nouveaux produits dans les laboratoires. « Nous valorisons les matières premières du territoire breton pour les intégrer dans des formulations de cosmétiques que nous vendons ensuite à des professionnels de la beauté », résume-t-il. L’entreprise travaille, elle aussi, en collaboration avec la station biologique de Roscoff pour mettre au point ses principes actifs marins.

« Notre force est de pouvoir travailler une matière première très fragile qui doit être transformée en 24-36 heures pour conserver ses propriétés. Cela intéresse le monde entier. » Les microalgues, qui sont puisées en mer ou en bord de mer, sont d’abord déshydratées – elles contiennent 80 % d’eau – avant de devenir des paillettes, des feuilles, de la poudre ou d’être micronisées. Ensuite, ces composants deviennent des biostimulants foliaires pour l’agriculture (30 % du chiffre d’affaires, notamment à destination des vignes du bordelais) ou sont utilisés dans la cosmétologie par le biais de principes actifs brevetés. Face au réchauffement climatique, André Prigent reconnaît qu’il est encore relativement épargné mais prépare déjà l’avenir. « Les macro-algues de la région sont encore peu touchées mais nous testons d’ores et déjà l’algoculture en mer et même la culture en milieu extra matin, dans des tubes en environnement contrôlé. Le but est d’évaluer cela à la cueillette classique. À l’heure actuelle, cela reste encore très cher par rapport à la biomasse naturelle à disposition mais nous voulons développer une stratégie d’adaptation si nécessaire. »

Agrimer a aussi ceci d’unique de fabriquer ses produits sur place, de la transformation de l’algue fraîche (4 000 tonnes par an) jusqu’à l’embouteillage des produits cosmétiques. L’usine, située à 500 mètres du littoral, est capable de traiter les quelque 200 crèmes et autres produits de soins corporels qui se retrouveront ensuite entre les mains de professionnels dans les centres de thalassothérapie ou en salons d’esthétiques dans le monde entier. Mais aussi dans les centres de thalasso de Bretagne.

Les parcs à huîtres de l’entreprise Legris

Avant de reprendre la route pour Brest, Éric Campos fait une dernière escale en bord de mer, dans l’archipel de Lilia. Comment quitter le Finistère sans manger quelques huîtres ? L’entreprise Legris, aujourd’hui dirigée par Adrien Legris, a installé ses parcs entre la terre et l’île Wrac’h. Ici l’eau dépasse rarement les 16 °C et bénéficie d’une belle amplitude de marée de neuf mètres en moyenne. Des conditions qui garantissent un goût très iodé de pleine mer et une texture bien charnue et tonique, après trois à quatre ans passés dans l’eau.

C’est le père d’Adrien, biologiste de formation, qui a fondé la société il y a près de quarante ans. D’abord spécialisée dans la production de naissains d’huîtres en milieu contrôlé pour les professionnels du secteur, la Maison Legris se mue en entreprise ostréicole en 1990 et opte pour la production d’huîtres triploïdes. Ce sont des huîtres stériles, ce qui garantit une croissance plus régulière et évite que les huîtres n’aillent envahir les alentours. « Il s’agit ici d’un des rares endroits de Bretagne où il n’y a pas d’huîtres sur les rochers, pointe Adrien Legris, lui-même diplômé de biologie. Et nous sommes vigilants pour préserver le site. Nos huîtres grandissent sans aucun intrant, uniquement au rythme du phytoplancton et des marées. » La mer nourricière n’a jamais si bien porté son nom.

En embrassant ces initiatives novatrices, le Finistère ne se contente pas de préserver ses ressources maritimes ; il illustre également comment une économie bleue dynamique peut être un moteur de développement durable, alliant respect de l’environnement et prospérité locale.

Le chiffre

  • 70-75 000 tonnes. C’est le poids de la biomasse marine (principalement des algues) ramassée chaque année sur le littoral breton et au large des côtes. Cela représente 90 % de la biomasse marine française récoltée annuellement.

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