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La Route des Transitions fait étape au Havre et à Rouen

Sociétariat

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Route des transitions au CA Normandie-Seine
© Jérémy Lemplin

Les 26 et 27 septembre, Eric Campos, directeur de l’engagement sociétal à Crédit Agricole SA, a pris la route à bord d’un van électrique pour sillonner les routes autour de la zone portuaire Havre-Rouen pour aller à la rencontre des femmes et des hommes qui font les transitions au cœur de ce territoire industrialo-portuaire.

Comment faire en sorte qu’une zone industrielle comme Haropa Port (Havre-Rouen-Paris) réussisse sa transition écologique et décarbone son activité ? De quelle manière transformer toute une filière qui génère à elle seule 3 % des émissions de gaz à effet de serre et transporte 70 % des marchandises au niveau planétaire ? Comment la région articule-t-elle son ouverture sur la France, l’Europe et le monde ?

« Nous avons bien conscience de la nécessité de décarboner notre activité, assure Kris Danaradjou, directeur général adjoint d’Haropa Port. La première mesure que nous mettons en place est le branchement à quai, pour électrifier les bateaux et éviter de faire tourner les moteurs à l’arrêt. Le terminal des paquebots de croisière – 150 escales par an –sera équipé d’ici 2026 pour un budget de 30 millions d’euros. » La question des carburants verts est aussi bien évidemment au centre des préoccupations, avec plusieurs projets de création d’unités de fabrication à proximité du port pour des solutions locales et durables.

« La bataille des transports se joue aussi à terre, rappelle Kris Danaradjou. C’est là qu’entre en scène les transports multimodaux. La Seine nous permet de faire du door-to-door avec le transport fluvial et d’emmener les conteneurs à seulement 9 km de Paris. Une barge peut transporter 200 à 250 boîtes par trajet, c’est 200 à 250 camions en moins sur les routes. » Aujourd’hui, un peu moins de 10 % des marchandises transitent par le fleuve, qui est trois fois moins emprunté qu’il ne l’était dans les années 60. Pourtant, toute l’infrastructure est en place (du Havre à Paris, vingt terminaux sont mis à disposition). Autre alternative : le train. Le transport par le rail pourrait, lui aussi, être une solution simple pour participer à la décarbonation du transport des marchandises.

La marine marchande remet les voiles

Mais la décarbonation ne s’arrête pas à terre. En mer aussi, les solutions innovantes émergent, comme celle de Transoceanic Wind Transport (Towt) qui redonne vie à la marine marchande à voile. Fondée en 2011 par Guillaume Le Grand et Diana Mesa, cette entreprise a fait le pari du transport en bateau à voile. « Nous sommes partis d’un constat : le vent au large abonde et le routage en mer est beaucoup plus prédictif depuis dix ans, explique le fondateur. Face à un secteur qui peine encore à décarboner, alors même que 90 % des produits et objets qui se trouvent autour de nous sont acheminés par cargos, nous apportons une solution de transport décarboné, à la voile et en toute transparence. »

Towt possède déjà deux voiliers-cargos opérationnels et six sont actuellement en construction. « Il n’existe pas d’industrie aussi énergivore qui puisse se prévaloir d’une décarbonation aussi radicale qu’avec notre solution. Selon les conditions météo, l’empreinte carbone du kilo par mile nautique peut être réduite de plus de 90 % par rapport à un voyage en cargo classique », ajoute Guillaume Le Grand. Towt a créé la certification Anemos (vent, en grec ancien), premier – et seul – label de transport au monde. Une étiquette est apposée sur chaque produit transporté (café, alcools, cacao…) avec un numéro de transport.

Et ce n’est pas qu’une belle idée : le temps de transport à la voile est identique, voire moindre, qu’en cargo et les tarifs ne sont pas beaucoup plus élevés. Towt dessert les États-Unis, la Colombie, le Brésil, les Antilles… et bientôt la Méditerranée. « On peut transporter de tout et, avec le carbone qui change la donne en termes d’architecture des bateaux, on peut imaginer des voiliers de plus de 100 mètres pour le transport de marchandises. C’est notre objectif. »

Les déchets d’aujourd’hui, une ressource pour demain

Retour à terre, le long de la Seine, pour aller à la rencontre de Virginie Carolo-Lutrot, vice-présidente du conseil régional de Normandie et présidente de la communauté d’agglomération Caux Seine Agglo. Sur un territoire très marqué par la pétrochimie depuis des décennies. Ici, 36 % du PIB local est industriel contre 12 % à l’échelle nationale. Comment se réinventer pour s’adapter à la transition écologique ? « Ma démarche est avant tout écosystémique. Il faut comprendre qu’on ne peut pas transformer un territoire si on n’est pas connecté au monde et aux besoins des différents acteurs économiques mondiaux. » La réflexion est donc holistique afin de créer de nouveaux emplois en adéquation avec les enjeux actuels. Cela passe notamment par l’usine de traitement des déchets qui a pour mission de les valoriser au mieux.

Faire des déchets une ressource, un changement de paradigme qui fait prendre conscience de la valeur de l’économie circulaire. Depuis de longues années, Caux Seine Développement s’emploie à trouver des solutions de recyclage du plastique (mais pas que) et à former du personnel. En quelques années, l’usine de traitement des déchets, qui récupère aussi l’énergie créée par l’incinération (électricité revendue à EDF, vapeur récupérée par une usine attenante, etc.), a réussi à faire passer son chiffre d’affaires de 2 millions à 13 millions d’euros. « Ce n’est qu’un début. Nous nous efforçons aussi d’embarquer les citoyens dans notre vision. L’attractivité du territoire est la clé, nous avons donc besoin d’attirer les talents dans la région. Cela justifie tous les efforts de l’agglomération pour fournir les infrastructures du quotidien (éducation, santé, etc.) ainsi que notre objectif pour 2040 : être un territoire 100 % énergie renouvelable. »

Pas de décarbonation sans concertation et coopération

L’association Socrate, dirigée par Régis Saadi, a pour mission de définir une trajectoire de décarbonation des Zones Industrielles entre Rouen, Port-Jérôme et Le Havre. Pour cela, elle dispose d’une enveloppe de 15 millions d’euros (financée à 50 % par l’Ademe) afin de réaliser des études sur la décarbonation. L’objectif est de fédérer les industriels et les institutions publiques autour de projets communs comme la maîtrise des risques technologiques et la réduction des émissions de carbone. « C’est une organisation mise en place pour réagir en cas d’accident », explique Régis Saadi, en référence à l’incendie de l’usine Lubrizol, site classé Seveso, à Rouen en septembre 2019. L’association agit comme un interlocuteur unique pour l’État, permettant de coordonner les efforts de différentes entités publiques et privées.

Après deux années d’études, Socrate devrait définir une trajectoire de décarbonation à horizon 2030 – 2050. « La clé au sujet de la décarbonation, c’est d’apprendre à travailler ensemble. Sans la concertation et la coopération autour d’un même territoire, rien n’est possible », estime Régis Saadi. Pour lui, l’avenir repose sur une collaboration accrue entre le secteur privé et public afin de rendre les projets industriels plus durables et respectueux de l’environnement.

À travers ces différentes initiatives, le futur industriel de la France prend un virage essentiel qui ambitionne de dessiner un avenir où l’industrie, la technologie et l’écologie marcheront enfin main dans la main.

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