« Sport dans la ville » est la première association d’insertion par le sport en France. Elle construit des terrains de football et de basket au pied des immeubles situés dans des quartiers sensibles. Une fois le lien établi avec les jeunes, l’association les accompagne dans leur insertion professionnelle. Rencontre avec Philippe Oddou, son co-fondateur.
« La pratique du sport permet de nourrir le corps et l’esprit. C’est un formidable outil de sociabilisation et d’épanouissement personnel.«
Philippe Oddou, Sport dans la ville
© Catherine Chabrol.
Comment « Sport dans la ville » est-il né ?
L’histoire débute en 1994 sur les bancs de l’école de l’EM Lyon Business School ou j’étudie le commerce. Je fais la rencontre de Nicolas Echermann, avec lequel je partage de nombreux points communs dont la passion du sport. Tous les deux, on passe plus de temps sur les terrains de volley qu’à potasser nos cours ! À l’issu de nos études, nous décidons de créer l’association « Sport dans la ville » avec pour vocation d’accompagner les jeunes issus des quartiers prioritaires vers le chemin de l’insertion professionnelle. Et cela, par le biais du sport. En 1999, nous ouvrons notre premier centre à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon. « Sport dans la ville » ça a été notre réponse face à une réalité qui nous heurtait : l’inégalité sociale.
25 ans plus tard …comment le concept a-t-il essaimé ?
Aujourd’hui, « Sport dans la ville » compte 68 centres sportifs en France comme à Grenoble, à Marseille, à Paris, à Lille, etc., et accompagne plus de 12 000 jeunes. Un travail collectif rendu possible grâce à l’implication de nos 360 salariés, parmi lesquels 180 permanents et 180 éducateurs sportifs. Nous développons différents programmes tels que « Job dans la ville » afin d’aider les jeunes à trouver des stages et des emplois et « Entrepreneurs dans la ville », qui soutient la création d’entreprise. Nous avons également le programme « L dans la ville » destiné aux jeunes filles. Plus largement, on accompagne 400 jeunes, de la 6ème à la terminale, face au risque du décrochage scolaire grâce au programme de soutien scolaire « Réussite dans la Ville ».
Vous êtes persuadé que le sport est vecteur d’insertion, pourquoi ?
La pratique du sport permet de nourrir le corps et l’esprit. C’est un formidable outil de sociabilisation et d’épanouissement personnel. Il permet de développer des valeurs essentielles comme la discipline, le respect, et l’esprit d’équipe. Sur le terrain, comme dans le monde professionnel, il y a des règles à respecter. D’ailleurs c’est une vision que nous partageons avec le Crédit Agricole.
Quelles sont les problématiques auxquelles sont confrontés les jeunes des quartiers prioritaires ?
Dans les quartiers prioritaires le taux de chômage est deux fois supérieur à la moyenne nationale. Depuis la création de l’association, c’est-à-dire en 1998, je n’observe pas d’aggravation de la situation mais je n’observe pas non plus d’amélioration. Nous ne pouvons pas nous en satisfaire ! Les différentes politiques menées au cours des dernières années se sont concentrées sur les problématiques liées aux logements au détriment de celles concernant l’insertion professionnelle.
Comment une entreprise comme le Crédit Agricole peut-elle contribuer à faire évoluer les choses ?
Les entreprises doivent jouer le jeu des jeunes. 95 % des emplois en France sont créés en leur sein. Nous avons besoin du soutien de ces structures pour gommer ces inégalités et faire bouger les lignes. L’appui du Crédit Agricole est une force considérable car il possède des moyens financiers et un réseau important. Le Crédit Agricole Centre est a été le premier à nous soutenir. Aujourd’hui, les Caisses régionales Nord de France, Alpes-Provence, Sud Rhône Alpes, Loire Haute-Loire et Des Savoie lui ont emboité le pas. Nous sommes également soutenus par la Fondation Crédit Agricole Solidarité et Développement.
Vous avez accompagné de nombreux jeunes depuis 1999… Y’en a-t-il qui vous ont marqué plus que d’autres ?
Je me souviens de Mustapha… Il était passionné de basket et rêvait d’assister à un match de la NBA. Pour le récompenser de son assiduité et de son état d’esprit nous avons décidé de l’envoyer en programme d’échange international à New-York. Une expérience unique qui a changé sa vision de la vie. Quelques années plus tard, il est parti vivre « le rêve américain » à Miami. Il a lancé son entreprise de cybersécurité. Aujourd’hui, il emploie 40 salariés. Une belle démonstration de réussite entrepreneuriale. Comme quoi, avec de l’envie, du travail et un peu d’aide, tout est possible !
Témoignage de Raphaël Appert, directeur général du Crédit Agricole Centre-est
« Nous sommes convaincus que le sport est une formidable école de la vie, vecteur de lien et de cohésion sociale. Depuis plus de vingt ans, le Crédit Agricole Centre-est est engagé aux côtés de Sport dans la Ville dans ses missions d’encadrement pédagogique et d’accompagnement vers l’emploi. Chaque année, des milliers de jeunes issus des quartiers prioritaires bénéficient des différents programmes de Sport dans la Ville, dédiés à l’entrepreneuriat, à l’orientation et à l’accès à l’emploi, ou encore plus spécifiquement à l’épanouissement et l’insertion des jeunes filles. Avec le sport comme détecteur de talents et vecteur d’insertion sociale, Sport dans la Ville apporte des réponses concrètes face aux enjeux de l’inclusion, un des piliers de notre projet d’entreprise ».
[Chiffres 2023, ministère de la transition écologique et de la transition des territoires]
Instance politique du Crédit Agricole, la Fédération nationale du Crédit Agricole est une association loi 1901. Ses adhérents sont les Caisses régionales, représentées par leurs présidents et leurs directeurs généraux.
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